COVID-19 Qu'est-ce qu'un pic épidémique ? Quand la France va-t-elle l'atteindre ?

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COVID-19 Qu'est-ce qu'un pic épidémique ? Quand la France va-t-elle l'atteindre ?

Message par Pboulanger Prés. »

Bonjour à tous

Lu sur https://www.liberation.fr/checknews/202 ... re_1782467

Qu'est-ce qu'un pic épidémique ? Quand la France va-t-elle l'atteindre ?

Par Luc Peillon 24 mars 2020 à 18:17


Le pic épidémique n'est pas de même nature s'il intervient avec ou sans mesures de confinement. En France, un premier pic pourrait advenir dans quelques jours, selon la direction générale de la santé.

Le pic épidémique est une notion assez simple : il correspond au sommet de la courbe illustrant le nombre de cas apparaissant chaque jour. Autrement dit, le pic signe le moment où le nombre de nouveaux cas quotidiens (pour une échelle temporelle en jours) commence à décroître.

«Dans les maladies infectieuses, la courbe, au début de l’épidémie, sera plus ou moins forte en fonction de la transmissibilité du virus, explique Gilles Brücker, épidémiologiste à l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Puis après un certain temps, cette courbe stagne, c’est le pic, puis commence à décroître, avec un nombre de nouveaux cas chaque jour inférieur au jour précédent. Dans ces conditions, le pic peut être plus ou moins pointu.»

Quand le pic d’une maladie virale peut-il être atteint ? Tout dépend des scénarios. En effet, le pic ne sera pas même nature, et n’interviendra pas au même moment, si le virus circule «naturellement» (sans intervention humaine), s’il est sensible au climat, ou si l’épidémie se heurte à des mesures de confinement de la population. Il peut même y avoir (ce qui est fréquent) plusieurs pics.

Plaçons-nous dans le scénario théorique d’une absence d’intervention humaine, et d’une insensibilité du virus au climat. Rien n’arrête l’épidémie, et le pic de la maladie n’advient que lorsque le virus qui en est à l’origine a suffisamment circulé dans la population pour que cette dernière développe une immunité grégaire, freinant ainsi naturellement sa circulation. En l’absence de «relais suffisants», l’épidémie finit par décliner, donc.

Cette part de la population devant être atteinte pour freiner le virus dépend avant tout du nombre de reproduction de base du virus (R0), c’est-à-dire du nombre de gens qu’une personne infectée va contaminer au début de l’épidémie, explique Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève. Pour la rougeole, par exemple, une personne touchée va la transmettre à 18 ou 20 autres personnes, ce qui est très élevé. Pour la grippe, c’est 1,5 personne en moyenne. Et pour le Sars-Cov-2, virus responsable de maladie de Covid-19, de l’ordre de 2 à 3 personnes.

Or plus la transmissibilité d’un virus est importante, plus la part de la population devant être immunisée pour le stopper est élevée. Pour le Covid-19, et avec un R0 compris entre 2 et 3, cela signifie que l’épidémie – si aucune mesure de distanciation sociale n’est prise – atteint son pic lorsque 50% à 66% de la population auront été en contact avec le virus.

Autrement dit, lorsque le nombre de reproduction du virus passe en dessous de 1, et qu’une personne infectée en contamine moins d’une. L’épidémie ne peut alors que décroître. «Il y a encore des infectés qui font des cas secondaires, mais de moins en moins jusqu’à l’extinction de l’incendie épidémique», ajoute Pascal Crépey, épidémiologiste à l’Ecole des hautes études en santé publique, à Rennes.

Attention, en effet : le fait que le pic advienne – au bout de plusieurs mois – ne signifie pas que l’épidémie est terminée pour autant. «Beaucoup de gens pensent qu’une fois le pic atteint, l’épidémie disparaît, avertit Samuel Alizon, épidémiologiste à l’université de Montpellier et directeur de recherche au CNRS. En fait, il permet seulement de se prémunir contre une nouvelle épidémie, avec l’acquisition d’une immunité de groupe». Car après le pic, correspondant donc à 50% à 66% de la population atteinte, le virus, avec un R0 de 2,5 pour le Covid 19, finirait quand même par contaminer 85% de la population. Et encore, à condition que l’immunité soit durable.

Ce scénario d’une propagation continue et «libre» de l’épidémie, jusqu’à atteindre son pic, puis d’une décroissance suppose, rappelons-le, que le virus ne se soit heurté à aucun obstacle (ni climatique, ni humain). 

Sensibilité au climat

La courbe de l’épidémie diffère – c’est le deuxième scénario – si le virus est sensible au climat. Dans cette hypothèse, un premier pic pourrait advenir plus tôt, conséquence d’un freinage saisonnier lié à l’été (arrivée de la chaleur et d’un temps plus sec dans les zones tempérées de l’hémisphère nord). Moins élevé que dans le premier scénario, il pourrait être atteint dès les prochaines semaines. Mais serait alors suivi d’un renouveau épidémique, l’immunité grégaire n’ayant pas été atteinte. Dès l’automne, l’épidémie devrait ainsi repartir à la hausse, avec un nouveau pic en perspective, et peut-être même un troisième à l’automne suivant, jusqu’à l’immunisation de 50% à 66% de la population (stade au-delà duquel l’épidémie ne peut que décroître).

La logique est la même si les obstacles que rencontre le virus ne sont pas climatiques mais humains. C’est le scénario dans lequel on se situe, avec la mise en place de mesures de confinement de la population, qui concernent maintenant plusieurs pays européens confrontés au Covid-19. L’objectif est précisément de faire en sorte que le pic ne soit pas trop élevé, pour ne pas saturer les hôpitaux. Un premier pic adviendrait donc précocement, parce que les mesures barrières auront limité, voire stoppé la circulation du virus. «Dans ces conditions, on devrait observer des effets proches d’un freinage saisonnier naturel», estime Antoine Flahault.

Dans quels délais? Dans son point de situation du 20 mars, le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé, expliquait : «Les effets du confinement ne sont pas immédiats, la période d’incubation varie de 2 à 14 jours. Ainsi, de nombreuses personnes aujourd’hui confinées sont porteuses ou ont été contaminées avant le confinement, et ne sont pas encore forcément malades avec des symptômes. […] Au total, une durée de 10 à 22 jours [est nécessaire] pour avoir l’efficacité maximale de la modification du comportement, en tout cas c’est ce qu’on a observé en Chine et en Italie.»

En Chine, précisément, le pic (ou le plateau) du nombre de cas, tel qu’il figure sur le site Worldometer (et en faisant abstraction des pics du 12 et 13 février liés à un changement de méthode induisant une acceptation plus large des cas de Covid-19), semble débuter à partir du 4 février, soit douze jours après les mesures de confinement (mises en place le 23 janvier):

Pour la France, Salomon, toujours lors de son point presse du 20 mars, parlait d’un pic de cas dans 5 à 8 jours. Soit, entre le 25 et le 28 mars, c’est-à-dire, comme en Chine, 10 à 13 jours après le début des mesures de confinement (débutées en France entre les 15 et 17 mars).

Or après un plateau entre le 18 et le 22 mars, le nombre de nouveaux cas est reparti fortement à la hausse le 23 mars. «Accident» statistique n’obérant pas une arrivée du pic annoncé par Salomon entre le 25 et 28 mars ou infirmation de ses prévisions ? Seules de nouvelles données, dans quelques jours, devraient permettre d’entrevoir une tendance plus affirmée. 

Quant au pic de mortalité, il intervient, logiquement, après le pic des contaminations, le temps que les personnes infectées développent la maladie, puis en réchappent ou au contraire succombent. En Chine, il paraît se situer entre le 12 et 18 février 2020, soit entre 20 et 26 jours après les premières mesures de confinement.

Concernant la France, après un plateau entre le 18 et le 22 mars, le nombre de nouveaux décès a connu, comme pour le nombre de cas, une forte hausse le 23 mars. Les délais chinois, eux, conduiraient à un pic de mortalité, pour la France, situé entre le 5 et le 11 avril.

On le voit, toutes ces prévisions sont très fragiles. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est d’ailleurs montré plus prudent que Jérôme Salomon, dans son point de situation du 21 mars : «Il est très dur d’avoir la date du pic de l’épidémie, puisque nous n’avons pas assez de données sur la contagiosité, sur la durée de contagion», a-t-il expliqué. 

Ces courbes – pour le nombre de cas – dépendent également des politiques de tests menées dans chaque pays, et surtout du maintien de ces politiques dans le temps. Autrement dit, même si un pays, comme la France, ne teste plus que les personnes hospitalisées – contrairement à la Corée du Sud qui a testé largement sa population - il faut que cette politique soit constante dans le temps afin que la courbe soit toujours basée sur les mêmes critères. Et puisse annoncer de manière significative l’arrivée d’un pic.

Par ailleurs, encore une fois, ce pic obtenu "artificiellement" devrait avoir les mêmes inconvénients qu’un pic saisonnier, à savoir n’être que provisoire. «la grande majorité de la population n’ayant pas été confrontée au virus, ce dernier pourrait ressurgir une fois les mesures barrières levées», prévient ainsi Antoine Flahault.

Amicalement,
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