Page 1 sur 1

COVID-19 comment la météo influence la pandémie ?

Posté : 25 mars 2020 08:50
par Pboulanger
Bonjour à tous

Lu sur https://actualite.lachainemeteo.com/act ... pandemie-5


Comment la météo influence la pandémie ?
Par Quentin PERCEROU, rédacteur
Publié le 24/03/20, mis à jour le 25/03/20 à 07h54


Que sait-on du lien entre le climat et le virus COVID-19 ? Alors que nous développions la semaine dernière un article sur les répercussions étonnantes de la pandémie sur le climat, voici l'état actuel des connaissances sur la façon dont les conditions météo affectent le virus.

Il est actuellement plus facile de constater les conséquences du coronavirus sur le climat que l'inverse. Les mesures de confinement prises au niveau planétaire et le ralentissement de l’activité économique améliorent la qualité de l’air et permettent à la nature de reprendre ses droits dans certaines zones.  Il est par contre plus difficile de comprendre l'impact des conditions météorologiques et climatiques sur le virus.

Cela s’explique par au moins une raison : l’état des connaissances actuelles autour du coronavirus COVID-19. Sans nous substituer à la recherche en virologie et épidémiologie, nous vous proposons une synthèse des connaissances en leur état sur cette problématique, ainsi que les incertitudes.

La chaleur et l’ensoleillement éliminent-t-ils le coronavirus ?

Le coronavirus n’est pas éliminé par la chaleur. Cette information peut être vérifiée en croisant les cartes de température dans le monde et la propagation du virus. On peut constater que des pays où les températures dépassent le seuil de chaleur, soit les 25°C, sont touchés par le coronavirus COVID-2019. C’est le cas notamment de l’Australie.

Quant à l’ensoleillement, la quantité de rayonnement solaire reçue, il est croissant pour l’hémisphère nord étant donné que nous nous dirigeons du printemps vers l’été. Il a été prouvé que le rayonnement UV tue d’autres souches de la famille des coronavirus. Ainsi, on peut s’attendre à ce que l’augmentation du rayonnement solaire joue en défaveur du coronavirus COVID-2019. Toutefois, aucune étude jusqu’à présent n’a été menée sur le sujet qui permettrait de justifier cette extrapolation des données passées sur d’autres souches du coronavirus.

Cependant, on constate tout de même une moindre expansion du virus dans l'hémisphère sud, ce qui pourrait corroborer les études relatives à la chaleur et au rayonnement solaire (UV).

Des températures et un taux d’humidité élevés diminueraient la transmission du virus

Deux études chinoises parues au cours de ce mois de mars étudient le lien entre la température, l’humidité et le coronavirus COVID-2019. La première de ces études est sortie le 9 mars 2020 par les scientifiques Jingyuan Wang, Ke Tang, Kai Feng et Weifeng Lv qui appartiennent pour la plupart à l’université Beihang.

Les chercheurs ont pris 100 villes chinoises dans lesquelles au moins quarante cas de COVID-19 ont été détectés du 21 au 23 janvier. Ces dates correspondent à un scénario du laisser-faire, c’est-à-dire avant que le gouvernement chinois ait pris des mesures de confinement contre le coronavirus. Les auteurs ont également pris en compte le PIB par habitant pour normaliser les différences entre les établissements de santé et la densité de la population.

Conclusion : la contagiosité du virus est plus élevée dans les villes du nord de la Chine sur cette période, avec un taux d’humidité plus faible et des températures plus basses que les côtes sud-est du territoire, soumises à des conditions plus chaudes et humides. Ces résultats concordent avec l’analyse du pathologiste John Nicholls de l’université de Hong-Kong qui indique que dans les environnements froids, le coronavirus COVID-2019 prospère mieux que dans les milieux chauds.

Autre échantillonnage utilisé par les chercheurs : la comparaison de 14 pays où 20 nouveaux cas ont émergé sur la période du 8 au 29 février. Selon leurs résultats, l’épidémie a été plus importante dans les pays où les températures et le taux d’humidité étaient plus faibles, comme au Japon et en Corée, au contraire des pays plus chauds et plus humides sur cette période, comme la Malaisie et la Thaïlande.

Ces conclusions suggèrent que le coronavirus COVID-2019 se transmet plus facilement dans des zones plus froides et sèches.

Une forte amplitude thermique et de l’air froid et sec pourraient augmenter la mortalité

Une seconde étude chinoise fait écho à ce résultat. Elle s’est intéressée à la ville de Wuhan sur la période du 20 janvier au 29 février 2020. Au cours de cette période, les chercheurs ont repris les données du taux de mortalité et les données météorologiques, principalement les températures, l’amplitude thermique et le taux d’humidité. Dans cette étude, contrairement à la précédente, les auteurs cherchent à déterminer l’influence météorologique sur la mortalité du coronavirus COVID-2019.

Les auteurs ont déterminé, par leur méthode, que le taux de mortalité par jour est plus important par journée d’amplitude thermique élevée, c'est-à-dire lors d'une journée pendant laquelle il y a une grande différence entre la température du matin et celle de l'après-midi. Selon certaines études, l’amplitude thermique augmente le risque des maladies respiratoires et cardiovasculaires. Or, le coronavirus COVID-2019 conduit justement, dans sa forme la plus grave, aux maladies respiratoires dont l’issue est parfois mortelle.

L’air froid rendrait quant à lui nos poumons plus vulnérables, par affaiblissement de la fonction immunitaire. L’air sec rend à son tour notre organisme plus vulnérable aux infections respiratoires comme pneumonie et syndrome respiratoire aïgu sévère (SRAS), infections respiratoires que le COVID-2019, là encore, peut déclencher dans sa forme grave.

Ces résultats semblent indiquer, là encore, que l’air froid et sec, ainsi qu’une amplitude thermique élevée, augmentent la mortalité du COVID-2019.

Que faut-il en conclure ?

Ces résultats sont concordants avec les études passées du virus de la grippe. Toutefois, aussi intéressantes soient elles, il convient de nuancer ces deux études. En effet, elles n’ont pas été évaluées par les pairs, c’est-à-dire analysées et confirmées par un collectif scientifique qui certifie de la scientificité de l’étude en question. Ces études ne signifient pas non plus que le retour des beaux jours puisse être suffisant à endiguer la pandémie.

En France, nous rentrons dans une période froide cette semaine, ce qui nous rendrait plus vulnérable aux virus. Il conviendra, plus que jamais, de suivre les mesures de confinement pour écrêter la vague épidémique qui sévit dans notre pays.