[FR]Le « eReferral » : une modalité innovante de travail

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Pboulanger Prés.
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[FR]Le « eReferral » : une modalité innovante de travail

Message par Pboulanger Prés. »

:hi:

Lu sur le site de la HAS http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_ ... ecialistes" onclick="window.open(this.href);return false;

Le « eReferral » : une modalité innovante de travail entre généralistes et spécialistes
Initiatives & Développement de Pratiques Collaboratives – n°81 – juin 2014


Avec l’essor des maisons de santé, quelle sera la place de la médecine spécialisée ?

En Antibioclicréalité, cette question se pose dans l’ensemble des pays développés, confrontés au même défi des maladies chroniques. Et encore une fois des éléments de réponses viennent d’Outre-Atlantique.

Au cours des cinquante dernières années, les systèmes de soins de l’ensemble des pays développés – par exemple dans le périmètre de la trentaine de pays de l’OCDE – se sont construits en accordant une place croissante à la médecine spécialisée. Cette évolution était alors justifiée par les progrès ininterrompus de l’industrie du médicament et des dispositifs médicaux, et aussi par les innovations en chirurgie, en anesthésie, en réanimation, synergiques avec l’amélioration continue des plateaux techniques (biologie, imagerie).

Et puis assez brutalement, à partir des années 2000, ces mêmes pays développés se sont retrouvés confrontés à des populations vieillissantes, porteuses de maladies chroniques, dont l’évolution était de mieux en mieux maitrisée, avec des comorbidités multiples et le cas échéant de moins en moins autonomes.

Dans ces conditions, la primauté d’une médecine spécialisée ne suffisait plus. La nécessité de renforcer les soins primaires, c’est-à-dire le suivi au quotidien des malades vieillissants dans la durée et d’une façon globale et synthétique, s’est imposée.

La tendance à la constitution de regroupements pluriprofessionnels, dédiés aux soins de premier recours et intégrant de manière croissante des services sociaux, est alors devenue manifeste. D’autant qu’elle s’inscrivait parfaitement dans l’évolution en cours qui fait que les jeunes sont de moins en moins intéressés par l’exercice individuel et les contraintes croissantes qui l’accompagnent.

Se pose alors la question de la place future de la médecine spécialisée et en pratique, des relations à établir entre, d’une part, les maisons de santé, et d’autre part, les spécialistes et leurs plateaux techniques. Cette question est d’autant plus aiguë que ces spécialistes sont nombreux (y compris en termes de projections démographiques si l’on se réfère à la répartition des internes dans les différentes filières de formation).

Justement, des éléments de solution viennent d’être rapportés par des collègues de la côte Ouest des États-Unis (où les relations entre premier et deuxième recours sont proches de ce qu’elles sont en France, et où les expériences antérieures dans certains managed care ont montré la pertinence du recours à la médecine spécialisée). Le prétexte est fourni par une innovation technologique, support d’une initiative organisationnelle.

Une initiative californienne : demande d’avis par messagerie sécurisée


Cette initiative a été lancée dès 2005. Elle était motivée par une réalité locale : en Californie l’accès au spécialiste est difficile, dix mois de délai pour un rendez-vous avec un néphrologue, sept mois avec un endocrinologue. La possibilité a donc été offerte aux médecins généralistes d’adresser par messagerie sécurisée une demande d’avis spécialisé (eReferral) à un confrère spécialiste. Cette possibilité a été ouverte à l’échelle d’un établissement, le San Francisco General Hospital et de l’ensemble de ses services de spécialité (chaque service ayant désigné un ou deux des membres de son staff pour assumer l’interface). Cette demande était médiée par un formulaire électronique, comportant une série de données fixées, et le motif d’adressage était rédigé en texte libre. L’article du NEJM1 reproduit dans un tableau le flux des 27 604 nouvelles demandes d’avis traitées en une année, entre juillet 2011 et juin 2012. 80 % de ces demandes se sont finalement soldées par une consultation auprès d’un spécialiste, mais près de la moitié des 27 000 demandes ont été suivies d’un échange entre le généraliste et le correspondant spécialiste, afin de préciser l’état clinique du malade. En revanche, pour plus de 5 500 malades, la consultation n’a pas été jugée nécessaire après l’échange entre médecins.

Cet « eReferral », qui a été pérennisé depuis, présente d’autres avantages. Ainsi l’accès aux spécialistes a été désengorgé et le délai moyen réduit de cent-douze jours à moins de cinquante. Surtout, les échanges à partir du formulaire de demande d’avis spécialisé ont permis de développer une véritable communauté professionnelle entre les généralistes et les spécialistes. Au sein de cette communauté, une formation clinique permanente, quoique informelle et case-based, s’est spontanément développée.

À noter que le travail publié permet de situer à une moyenne de moins de dix minutes le temps que chaque correspondant spécialiste consacre à l’analyse, à la réponse et aux éventuels échanges avec le médecin de soins primaires.

Pr Jean-Michel Chabot – HAS

1 A H Chen, EJ Murphy, HF Yee. A new model for integrated care. New Engl J Med, 2013; 368: 2450-3
Amicalement,
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