Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

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Nuances
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Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Bonjour à toutes et tous,

Chaque 21 novembre, c’est la journée des fatigues. La journée des fatigues a été initiée, en 2021, par l’ASFC (Association française du syndrome de fatigue chronique) et associe une quinzaine d’Associations de malades. Cet événement vise à lutter contre les stéréotypes et à aller au-delà des préjugés qui pèsent sur les fatigués.
Nous participons donc cette année à cette action collective, à l’instar d’une quinzaine d’Associations.

 
Ce n’est pas la journée de la Fatigue » mais bien des fatigues tant, chaque fatigue est singulière et un terme unique serait insuffisant à en partager toutes les nuances.
 
A l’occasion de cette journée particulière, l’Association les AMIS s’est associée, nous vous donnons la parole, ou plutôt nous vous tendons la « plume », le « crayon » ou « le clavier »… pour une « lettre à MA fatigue », la vôtre, celle avec laquelle vous partagez une partie de votre quotidien.

 
Ashampoo_Snap_lundi 21 novembre 2022_10h19m01s_001_.png
Journée des fatigues 2022
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Journée des fatigues 2022
Journée des fatigues 2022
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Et si vous lui écriviez ?  Et si, vous lui adressiez les mots qui éclairent la relation que vous avez avec elle ? Qu’auriez-vous envie lui dire ?  Quelles couleurs, quels mots, quels maux, quelles formes lui adresseriez-vous ?
 
Vous avez carte blanche… aucun exercice imposé, juste une invitation à vous laisser guider par votre inspiration !*
 
Dans l’immédiat, nous vous tendons la plume et vous encourageons à laisser libre cours à votre créativité, à votre ressenti.
 
Vous pourrez décider – ou non- de partager votre lettre. Ici ou plus largement dans le cadre d’une action avec d’autres Associations de malades participant à la Journée des Fatigues dont nous reparlerons.
Nous vous donnerons très prochainement toutes les informations utiles pour éclairer votre décision d’une participation plus large.
 
Aujourd’hui, vous pouvez choisir de publier sur le groupe (en anonyme ou non), sur le forum ou de garder votre lettre pour vous-mêmes.
 
*L’invitation est de vous exprimer aussi librement que possible, en vous adressant à votre fatigue. Pour lui dire tout ce que vous pensez, ressentez… Tous les styles sont permis, dans un format de quelques lignes à deux pages. L’expression graphique est également possible, ou le format mixte texte + illustration.
Il s’agit d’une action collective « Lettre à ma fatigue » à laquelle les AMIS a décidé de participer cette année.

Message publié également sur notre  groupe privé Facebook
 
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Aure
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Aure »

Message publié par un membre de l'équipe pour le compte de Aure avec son accord.

Lettre à ma fatigue


Pour la journée mondiale de la fatigue, tu as fait très fort.

Ta présence hier était au maximum au point que j’ai passé ma journée à me laisser faire, à dormir sans dormir, à grelotter sous mon polaire et mon plaid, à ressentir des douleurs de partout, à m’énerver pour un rien ….

Puis aujourd’hui, j’ai eu quelques heures de répit parce que la nuit a été meilleure, parce que la cure commence à agir et que je n’ai plus de migraine, parce que mon fils se remet de son accident, parce que j’ai rendez-vous pour une fois avec une amie et que je t’interdis de t’imposer devant mes proches et de m’empêcher de vivre bien… au moins ne serait-ce qu’un moment dans la journée.

J’ai presque l’impression de t’en demander trop et que je connais déjà ta réponse ….

Je ne peux pas t’accueillir à bras ouverts ni te fermer la porte au nez. Tu es là quand tu veux, je me laisse souvent surprendre ou avoir par toi. Des fois je me laisse aller et c’est bien aussi de ne pas lutter.

Laisse-moi juste encore plus de place pour faire aussi des choses pour moi et ne pas griller mon énergie dans l’accomplissement des routines quotidiennes qui sont loin de tout ce que je pouvais faire avant que tu ne sois si présente.

J’ai même du mal à me rappeler comment ressentir de l’énergie et je me demande même comment font les gens autour de moi pour faire autant de chose. Ça me semble presque surnaturel ! Pourtant qu’est-ce que j’en ai fait !!!! j’essaie de ne pas oublier, de me dire que je ne présente pas non plus une flémingite aiguë, que ce n’est pas que je ne veux pas et de rappeler aussi à mes enfants tout ce que j’ai pu faire pour qu’ils gardent le souvenir d’une maman active.

Je ne me sens vraiment plus du même monde depuis que tu t’accroches à moi, j’espère toujours trouver plus d’énergie pour vivre des journées plus dynamiques, plus légères et joyeuses aussi.

Voilà chère fatigue je suis lassée par toi et j’aimerais que tu sois moins envahissante.
Merci d’avance pour ta compréhension.

Je ne te retiens pas plus.

Aure

Message d' un membre de l'équipe technique
J'ai modifié le message en rajoutant des sauts de paragraphe et des sauts de ligne afin de le rendre plus lisible (voir les règles du forum d'accueil rules ).
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Nuances
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Merci Aure ! :bisou:
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Nuances
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Une nouvelle lettre 

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Chère fatigue,

Dois-je te dire « chère » alors que tu ne l’es pas vraiment ? Bien, au contraire !

Pour la première fois, je t’écris. Car pour la première fois, je m’avoue vaincue.


Et oui, malgré tout ce qui a été traversé ma vie, tu auras été celle qui a réussi à me faire baisser les bras.
Terrassée, tel un Hercule, après 12 travaux, tel un Don Quichotte, après tant de moulins abattus.
Tu auras eu raison de moi. J’abandonne !


J’abandonne… Moi que l’on dit si forte… S’ils savaient…
Mais de toi, je ne parle jamais. À quoi bon ?


Comment une chose que l’on peut qualifier de tant de façons différentes, peut-être si difficile à exprimer, à faire comprendre ? On te dit : harassante, usant, accablante, profonde, légère, pesante, étouffante, exténuante, éreintante, crevante… Et pourtant, il paraît qu’une simple sieste t’efface.


Comment alors faire comprendre autour de moi que je suis si fatiguée que je n’arrive plus à dormir et que même lorsque j’y parviens, je me lève toujours aussi fatiguée ?


On dit que tu peux être physique après un effort ; psychique après une grande concentration, émotionnelle après une accumulation de sentiments divers et variés.


Et pourtant, je n’ai pas de mots pour t’expliquer. Tu n’es pour moi ni physique, ni psychique, ni émotionnelle… Mais tu es aussi, par la force des choses, devenue un peu tout ça à la fois.


Il y a quelques temps, j’ai osé parler de toi mon neurologue. Sa réaction : « vous a-t-on déjà prescrit quelque chose pour l’humeur ? ».


 Mais non ! Mon humeur va très bien, mon moral est bon, et malgré toi, je continue ma route… Cahin-caha certes, mais je continue.


Je veux seulement ne plus être si fatiguée, un répit… Et oui, je ne suis pas un tonneau des Danaïdes, dans lequel puiser sans fin l’énergie dont j’ai besoin pour fonctionner.
Mon quota a ses limites. Bien que je fasse ce que je peux pour m’épargner, je sens que mes limites sont proches. Je me demande où je vais pouvoir puiser encore ?


J’ai compris aussi que face à toi, je suis seule.
Alors je te tais. Je te garde pour moi. Je te cache.


Oh ! Pas par manque de générosité ou par égoïsme. Mais parce que personne d’autre ne voudrait de toi et ne peut te comprendre et t’annihiler.

Alors, je me dis qu’en t’enfermant tout au fond de moi, en t’ignorant, en ne prononçant pas ton nom, tu finiras par disparaître.


J’arrête de lutter contre toi, car cela aussi me demande trop d’énergie. C’est que tu es vicieuse, pernicieuse, enveloppante, sournoise.
Mais mon indifférence aura foi de toi.


En tout cas, j’y crois… Encore un peu…


Pourtant, parfois, tu peux être amusante. Lorsque tu me fais tourner bourrique à chercher où j’ai bien pu mettre tel ou tel objet que je le retrouve dans un endroit incongru. Ou lorsque tu me fais me déconnecter d’une conversation, et répondre à côté de la question qui m’était posée… La tête de mon interlocuteur à ce moment-là… Hilarant ! !


Cependant, je préfère te couvrir de mon indifférence.


Ce soir, ce sera la première fois, et la dernière fois que je t’interpelle, que je m’adresse à toi.


Ce soir, j’ai décidé de t’oublier !


Oh je sais que tu me rétorqueras que malgré tous mes efforts, tu fais bien comme tu veux, que tu seras toujours là, sous-jacente, tapie, prête à bondir comme le petit diable de sa boîte.


Mais je te le dis tout de go,… Je m’en fous.
Fais bien ce qui te plaît, moi, je
continue.


Je continue avec et malgré toi. Et un jour, je me réveillerai reposée, pleine de cette énergie qui me fait avancer un pas après l’autre.


Je n’abandonne pas finalement… Je t’abandonne !


À jamais,
MR


Merci MR !
 
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Une nouvelle lettre à partager

Chère fatigue,
Chère ennemie intime,
Chère gâcheuse de vie,
Chère petite peste,
Si tu pouvais aller te faire f….. une fois pour toutes, je pourrais reprendre un semblant de vie, à tout le moins ce que me laisserait ta sœur myasthénie, tout autant emmerdeuse que toi.
Tu te rends compte du soulagement que j’éprouverais sans ton encombrante présence?
Tu peux t’imaginer la libération que j’éprouverais à vivre sans toi?
Alors, si tu as un peu de cœur, fais-moi plaisir et disparaît.
Sans vouloir être méchante, je t’oublierais assez vite et tu ne laisserais qu’une trace de souvenir.
Alors, tu en penses quoi? Tu pars? Allez, s’il-te-plaît, va voir ailleurs si j’y suis."
DP





Merci DP !
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Merci pour cette nouvelle "Lettre à ma fatigue" que je partage avec l'autorisation de l'auteure

Chère Fatigue,

Je t'ai croisée pour la première fois au milieu d'une journée bien remplie, comme on croise une personne, comme deux regards qui se croisent et n'arrivent plus à se lâcher.
Deux regards qui se sont trouvés alors qu'ils ne pensaient pas que leurs champs visuels se croiseraient un jour. 

Tu m'as proposé de partir avec toi, faire un voyage vers des contrées lointaines.
Sur un voilier, partir loin, ensemble, tout laisser derrière nous, oublier de que l'on a connu jusqu'ici. 
Laisser le vent souffler dans les voiles, se laisser aller au gré des courants, ensemble.  

Tes vas et viens m'ont fait perdre la boussole, je n'ai pas le sens de l'orientation. Je suis perdue sur la Mappemonde d'un monde que je ne connais pas, qui ne m'appartient pas, que je découvre en te tenant la main. Je n'ose pas la lâcher, j'ai peur dans cette inconnue. 

C'est une nouvelle union, un nouveau duo que nous allons former.
J'avais souvent entendu parler de toi, sans vraiment t'approcher, ni m'intéresser à toi en niant même parfois ton existence.

Tu m'as demandé, par amour pour toi, de renoncer à mes rêves les plus anciens, les plus précieux.
J'ai dû aussi subir ton chantage affectif, tu m'as muselée, tu m'as empêchée de faire bon nombre de choses.

Ceci est donc une lettre de tentative de rupture ...

Je sais que tu résisteras, que tu diras que nous sommes faites pour être ensemble à la vie à la mort. Notre histoire n'a pas de fin ... 

Au départ, notre relation était timide et puis on s'est rapprochées, dangereusement jusqu'à ne plus réussir à se séparer, tu as pris les dessus, tu as eu trop d'emprise. On pense souvent l'une à l'autre, on est souvent connectées ces derniers mois ... 

Je pense à ce matin, où nous avons finalement craqué, et je t'ai laissée t'installer dans ma vie, bien qu'elle soit déjà posée, bien que j’aie mes enfants, ma femme, mon métier ... Tu t'es immiscée et je t'ai laissé faire.

Qui pourrait à force de tentatives te résister ?

Je me lève maintenant chaque jour à tes côtés, nous parcourons nos journées ensemble. Parfois, tu fais semblant de te faire discrète, de me rendre un peu de liberté et tu reviens par surprise, me casser dans mon élan.

Comme toutes relations, je t'ai testée, j'ai essayé de vérifier que tu étais fidèle, que tu allais bel et bien rester à mes côtes. 
Il y a eu des coupures, tu m'as laissée, quelques heures, quelques jours, j'ai cru que nous nous étions perdues mais tu es revenue. 

Je ne comprends pas pourquoi tu t'es attachée à moi ? Je suis plutôt commune, pas très sociable et pas franchement intéressante. Qu'as-tu à y gagner ?
Mon corps est déjà éprouvé par d'autres pathologies, par une vie compliquée qui ne l'a pas épargné et le moral a dû se forger sur un chemin abrupt. Avais-je l'air fragile ? Pensais-tu que je ne résisterai pas ?

Je n'ai pas envie de partager mes meilleurs moments de ma vie avec toi, ni les plus mauvais d'ailleurs. 
Je n'ai pas envie de te présenter ma famille, mes amis.
Je te cache, derrière un masque, sous des excuses un peu fallacieuses, j'ai un peu honte de notre relation malsaine où au final tu as le dessus et tu le sais. Je ne sais pas te résister très longtemps. 
Tu es violente, jusqu'à ce que je plie et que je décide de composer avec toi, t'inclure dans mes projets, arrêter de te cacher, arrêter de nier ton existence dans ma vie quotidienne.

On a cherché un moment, la raison de ta présence, les spécialistes n'étaient pas d'accord et il a fallu attendre que tu deviennes dangereuse, que tu menaces mon espérance de vie pour qu'enfin on puisse trouver des solutions pour essayer de composer avec toi, pour que tu prennes moins de place. 

Je suis lasse, j'ai fini par capituler, admettre que je t'ai fait une place bien malgré moi, que j'ai réorganisé ma vie autour de ta présence.
Je doute toujours de notre lien, tu me le rappelles parfois méchamment.
Et tu m'offres parfois des petites parenthèses, un peu plus douces.
Et j'ai appris à t'écouter, parfois la tête posée sur l'oreiller, sans lutter. 
Ces dialogues ont permis de porter attention à certain nombre de choses que je ne regardais même plus. 
A force de discussion, sans lutte, j'ai appris à comprendre ton point de vue et comprendre la raison de ta présence. 
Notre relation s'est adoucie, elle s'est apaisée. 

Je sais que tu ne voudras pas que l'on se sépare, alors je te propose de le faire graduellement, pour réapprendre à vivre.

J'espère qu'un jour, tu comprendras que ta présence m'a apporté de belles choses, de belles rencontres mais qu'elle ne peut être pérennisée, que j'ai besoin que l'on soit moins fusionnelles, que j'aspire à d'autres choses qui ne sont pas compatibles avec tes propres ambitions. 

Je te souhaite de réussir à t'épanouir sans être envahissante dans la toute petite place que j'accepte de le laisser dans ma vie. 

Je souhaite aux personnes qui vont te croiser, qu'elles perdent moins de temps à lutter contre toi, qu'elles apprennent à t'écouter pour mieux te comprendre et ne pas te voir comme une ennemie mais une sorte de messager, pour réaménager une vie inadaptée aux besoins d'un corps en souffrance. 

Je t'envoie une dernière étreinte pour te remercier car si nos échanges ont été souvent tendus, j'ai compris et redessiné le chemin de ma vie future. 

Prends soin de toi et de ceux que tu croiseras. 
TD
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Bonjour à tous,

Une nouvelle contribution de la part de SD que nous remercions !

Satanée Fatigue.

Je t'écris pour la première fois et sûrement la dernière. D'abord parce que je suis très en colère contre toi et que ce que je vais te dire ne va pas te plaire. Mais aussi parce que tu me prends déjà beaucoup trop de temps et que je ne veux pas te consacrer une minute de plus.

C'est avec toi que tout a commencé et c'est avec toi que tout finira.

Et oui, tu es arrivée alors que j'étais enceinte de mon petit dernier. Et tu es maligne, je te l'accorde, parce que tu m'as fait croire que tu étais normale et que donc tu partirais. Mais tu caches bien ton jeu et porte bien mal ton nom. Car j'en ai connu des fatigues durant les 32 années de vie qui ont précédées ta rencontre : quand j'enchaînais mes nuits de travail en tant que manutentionnaire avec mes journées de cours en fac de droit, ou quand je cumulais ma vie de maman avec mes 60 heures de travail hebdomadaires...

Mais je ne te connaissais pas à toi : Fatigue. Toi qui es arrivée dans ma vie et qui m'as terrassée. Toi qui arrives certains jours à m'empêcher de me lever. Toi qui arrives certains jours à m'empêcher de marcher. Toi qui arrives certains jours à me faire pleurer de désespoir.

Il faut que je te le dise Fatigue, tu n'es pas une bonne amie, car tu prends beaucoup et tu donnes peu. Tu me prends tellement de moments avec mes enfants surtout, mais aussi avec mon conjoint, ma famille et mes amis. Tu me prends bien souvent mon estime de moi, ma confiance en moi et parfois même ma dignité parce qu'avec toi tout est dur. Chaque geste bénin est un combat, et tu m'impose chaque jour de renoncer ou de demander de l'aide. Tu me prends tellement et tu es exclusive. Tu m'isole, seule avec toi et incomprise des autres qui connaissent les fatigues mais qui ne te connaissent pas à toi Fatigue. Tu as beaucoup de cordes à ton arc. La faiblesse, l'épuisement, le désespoir et l'abandon sont tes meilleures armes.

Et j'ai malheureusement compris depuis longtemps que rien ne sert de te combattre car ta nourriture préférée est le déni et le surmenage. Je dois aussi te dire que tu es une partenaire fidèle. Tu ne me laisse pas beaucoup de répit : 1 mois et demi en deux ans, c'est tout ce que tu m'as accordé, et encore pas de ton plein gré. C'est mon ami rituximab qui a réussi à t'éloigner un peu. Mais tu es vite revenue, j'imagine que je te manquais.

D'ailleurs les médecins m'avaient prévenue : "on devrait pouvoir gérer tous les symptômes sauf celui-là madame", je ne peux pas dire que je ne le savais pas. Mais parfois on se surprend à rêver que ça ira mieux, et dans ces moments-là je dois avouer que tu es très douée pour te faire rappeler à ton bon souvenir. C'est donc avec beaucoup de regrets et aucune reconnaissance que je t'ai acceptée jusqu'à ce que la mort nous sépare.


Ce que je te reproche le plus, c'est que tu ne me laisse pas beaucoup d'options. Je ne peux pas te combattre, puisque je pourrais le payer de ma vie, mais je ne peux pas non plus te laisser me consumer parce que ça reviendrait à arrêter de vivre et à accepter de seulement survivre en passant mes journées allongées.

Pourtant je te le dis, Fatigue, j'ai encore tellement de choses à vivre et je ne te laisserais pas me les prendre. Alors ma seule solution c'est bien de faire avec toi. De te prendre sur mes épaules pour continuer ma petite vie, en te donnant assez d'attention pour ne pas te contrarier mais pas trop non plus pour pouvoir avancer. Je vais vivre, mais à ton rythme.

Et tu sais quoi, même être en colère contre toi, finalement, ça me prend de l'énergie, cette énergie qui me fait tant défaut par ta faute. Alors au bout du compte je crois que je vais arrêter. Tu fais maintenant partie de moi et je vais l'accepter.

Par contre, j'aimerais que tu saches que je t'offre une chambre mais pas toute la maisonnée. Je m'engage à prendre un temps quotidien pour t'écouter, mais en retour je te prierai de rester dans tes quartiers. Et si cela perdure ainsi, je pourrais même être amenée à te remercier parce que je saurais que le jour où tu me rendras visite au salon, c'est qu'il faudra t'écouter pour éviter la poussée.


Peut-être que cette petite mise au point était nécessaire finalement, et peut être même que je te réécrirais un jour, qui sait.

Je nous souhaite une cohabitation aussi paisible que possible.

Et surtout n'hésite pas à prendre quelques jours de repos si tu en ressens le besoin.

SD
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Re: Le 21 novembre, c’est la journée des fatigues.

Message par Nuances »

Bonjour à toutes et tous,

Une nouvelle "lettre à ma fatigue" dans le cadre de l'appel à contribution de la journée des fatigues.

Lettre à mes fatigues …
Il fut un temps où celle que j’appelais fatigue avait un autre visage que le tien … un visage humain.

Celle que j’appelais fatigue me reliait aux autres humains. Comme eux, le manque de sommeil me rendait moins patiente. Comme eux, je me levais les yeux cernés. Comme eux j’attendais le week-end ou les vacances avec impatience. Comme eux je me levais moins alerte un lendemain de fête.

Celle que j’appelais fatigue était connue et comprise de mes amies, de mes collègues, de ma famille « je suis enceinte », « bébé s’est réveillé maintes fois encore cette nuit », « je me relève d’une grippe », « j’ai veillé si tard », « c’est super chargé au travail » …
Cette fatigue-là était familière.

Il fut un temps où celle que j’appelais fatigue était un trait d’union, un langage partagé.
Et puis … et puis un jour tu es arrivée, étrange, différente.

J’ai été dupe tu sais. J’ai cru que c’était l’autre, la fatigue habituelle, plus insistante certes mais j’ai vraiment cru que tu te dissiperais.
Tu n’es certes pas venue seule … c’est ce qui a donné l’alerte … il y avait tous ces signaux bizarres que m’envoyaient mon corps. Mais quand même … je n’ai pas compris tout de suite à quel point tu étais en train de prendre tes aises, de t’incruster.

Tu étais autre … une fatigue qui aurait pris trop de poids, plus épaisse, plus lourde, plus présente, plus pesante. Une fatigue qui ne cédait pas au repos ou si peu. Une fatigue comme un hiver trop long, quand le ciel est bas, que la lumière est grise. Comme une vie avec une unique saison.
Tu t’es imposée.

Une fatigue si étrange que tu devenais impérieuse. Je ne pouvais plus t’ignorer, plus même composer, jusqu’à ne plus pouvoir faire semblant.
Enfin …  j’essaie de te masquer. De te réduire en faisant « comme si » … mais si les autres, parfois, sont dupes et ne peuvent soupçonner à quel point tu es pesante, moi il y a longtemps que je ne peux plus t’ignorer.

Tu sais j’ai pris le temps, … pour le coup j’en ai eu, à force de ne pouvoir agir. Je vous ai longuement observées. Tes sœurs et toi. Car oui, tu es venue en famille.
Je vous ai vues … vous avez le même nom mais vous êtes nombreuses …

Selon les jours, vous ne vous attaquez pas à la même partie de ma vie. Vraiment, vous voudriez qu’on sympathise ? Vous espérez que je vous accueille avec le sourire ? Un peu sans gêne les Sœurs Fatigue non ?

Il y celle qui me rend les gestes du quotidien lourds et pénibles parfois même jusqu’à les empêcher, qui me cloue parfois au lit ou au canapé, celle qui démultiplie la sensation de poids des gestes auxquels la majorité ne pense même pas. Celle qui rend la tête même trop lourde à porter.
Il y a celle que je ressens face à la montagne de toutes les démarches administratives et la lassitude infinie de tout ce que je dois faire de manière si récurrente pour faire valoir mes droits, au point d’y renoncer à certaines périodes.

Celle que je dois dépasser pour prendre les nombreux rdv médicaux … les consultations, les analyses, les contrôles, les examens …Sans compter celle que je dois apprivoiser pour avoir la force de coordonner l’ensemble, de veiller au grain, de rappeler ici et là aux soignants les informations qui me concernent. Veiller, parfois surveiller pour sauver sa peau.

La fatigue visuelle aussi, encore une sœur qui s’est imposée … ces notices de médicaments à déchiffrer alors qu’elles sont si petites et que mes yeux semblent avoir vieilli de plusieurs décennies … ces dates limites à peine noircies dont je ne trouve pas trace … la lumière de l’ordinateur ou le soleil qui m’éblouissent …

La fatigue infinie de penser à ces innombrables cachets avalés, celle de mes veines qui ne se laissent plus piquer … ces traitements et leur lot d’effets secondaires et d’espoirs déçus. Tenter de chasser cette fatigue qui finit par écraser toute lueur d’espoir, tenter d’y croire encore …

La fatigue sœur d’insomnie … oui je sais on les imagine plus volontiers se répondre que coexister en et pourtant …. Être là, chercher le sommeil malgré l’épuisement.

La fatigue cognitive … celle qui me prive de lecture … qui brouille ma concentration au bout de quelques paragraphes, qui perturbe mémoire et attention.

La fatigue morale aussi … ; celle la même qui semble couper les ailes de toutes les envies qui étaient les miennes, qui va jusqu’à brouiller mon rapport à moi-même … serais je devenue réduite, définie par cette fatigue qui me limite tant ?

Je ne peux pas passer sous silence la fatigue d’expliquer, celle de répondre à la question que je me suis mise à appréhender « comment vas-tu » ? « Quoi de neuf » … la fatigue de nommer l’indicible ; d’essayer de partager. La fatigue est souvent sœur d’isolement. La fatigue de dire non … encore et encore à une proposition de sortie. La fatigue de ne plus voir l’horizon, ni au propre, ni au figuré.

La fatigue d’être moi.

Alors oui, tu es plurielle, indicible et si la fatigue passée était un trait d’union laisse-moi te dire que parfois tu es un enfermement.

C’est vrai, je le reconnais, par moment tu as su te faire plus discrète. Jamais suffisamment longtemps encore pour être parvenu à vous faire oublier, tes sœurs et toi. Parfois vous revenez en force, vous redoublez de virulence après une accalmie. C’est triple peine alors … accepter à mon corps défendant de vous refaire une place, parfois avoir le sentiment d’être punie du moindre « extra » et reprendre une place que je n’ai pas choisie tel Sisyphe et son rocher …

Je ne peux te quitter sans une once de reconnaissance, je te l’avoue, elle n’est pas si simple à exprimer tant tes sœurs et toi empoisonnez souvent mon existence, m’éloignez de la danse de ma vie, faites si souvent écran avec le reste du monde y compris mes plus proches.

Pour autant, je ne peux passer sous silence certains plaisirs que vous m’avez permis, celui d’être plus à l’écoute de moi-même et de mieux me respecter.

Vous m’avez appris, par exemple à gouter les joies du silence, les bienfaits de la solitude (pas l’isolement mais bien la solitude choisie), les bienfaits d’un rythme plus lent plus respectueux surement de celui de la nature humaine. Me donner du temps, m’autoriser à me mettre en pause, parfois même espérer me réinventer une vie sans vous, collées à mes basques !

Me réinventer une vie.

Sans ou avec vous.


CJ
"Parfois le courage ne rugit pas, parfois le courage est cette petite voix qui nous dit "tu essaieras encore demain"
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